18.7.08





Siné : Val fan culo !

dimanche 27 juillet 2008 par Renaud Chenu



« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

Extrait de Zone de Siné dans Charlie Hebdo, paru le 2 juillet 2008, à l’origine de « l’Affaire ».

Et ?
Et quoi ?
L’Affaire de l’été !
Cet été Bertrand Canta n’a pas tué sa maîtresse, le Hezbollah n’est pas en guerre avec Tsahal dans le sud Liban, la canicule ne décime pas nos maisons de retraite... alors on s’occupe un tantinet... c’est tombé sur Siné !

Plus sérieusement, attachons nous à démêler ce sac de noeuds pour chercher à comprendre ce que révèle l’Affaire Siné.

Du point de vue de Charlie Hebdo en général et de son directeur de publication en particulier.

La première chose et certainement la plus anecdotique est une histoire d’hommes, de deux hommes, qui ne peuvent pas se piffer. L’un considérant que le premier est un vieux con gauchiste et le second estimant que le premier est un arriviste droitier. Les deux s’envoyant des élégances à la gueule d’une semaine à l’autre dans les pages de Charlie Hebdo, en particulier sur la politique de l’Etat d’Israël. Le lecteur appréciait. Des positions opposées dans les mêmes colonnes... on était bien dans un journal ouvert où soufflait un vent de démocratie. Vrai ?

Ceux qui connaissent l’ambiance dans les locaux de la rue Turbigo se marrent en lisant ça. On se fait chier à Charlie. Pour y avoir traîné un peu à l’occasion de recherches universitaires, la seule fois où j’ai entendu rire toutes les personnes présentes, c’était à l’occasion du nouvel an Chinois fêté à Paris. En voyant une troupe de Dragons dans la rue de Turbigo, une petite fille s’est mise à pleurer et hurler. Un journaliste présent se fendit d’une répartie salace « Pourtant, Val n’est pas là », en référence à l’affaire de pédophilie qui a mené Font, l’ancien compagnon de scène de Val, en prison. Le patron n’était pas là, les salariés se lâchent, ça détend... Charlie est une boîte comme les autres. Avec ses tensions, ses clans, ses jalousies, le chef, sa cour, ceux qui résistent et les balances. Nous étions deux, on compilait des infos pour notre mémoire de maîtrise avec un pote. On avait 21 ans, on croyait en Charlie Hebdo, pour nous ce canard était un mythe. On a halluciné, on a découvert l’envers du décor fade, chiant, puant. A Charlie on ne se marre pas. L’ambiance y est juste une ambiance de merde.

Au 44, rue de Turbigo, on est chez Val. C’est son journal, sa propriété, sa chose. Pourquoi pas, personne n’est obligé d’acheter ce canard. Sauf que... De la même manière que Bonaparte s’est appuyé sur les acquis de la révolution pour mieux la travestir en salope impériale, Philippe Val s’est appuyé sur un titre glorieux, une histoire magnifique, pour en faire un brouet et détourner l’histoire à son avantage. Après avoir claqué la porte de La Grosse Bertha1, Val, Cabu, Cavanna, Wolinsky, Siné et d’autres se retrouvent dans un bar et décident de fonder un nouveau canard. Cavanna prend la parole pour dire que le titre Charlie Hebdo est libre. Ainsi est décidé de relancer le titre disparu dix ans plus tôt. Mignon, non ? Ca ressemble à un conte de fée, où tout se termine bien à la fin... Il était une fois, gna gna gna, et ils vécurent heureux. A y regarder de plus près, l’histoire est moins rose.

Dans son histoire de Charlie Hebdo, Stéphane Mazurier2 commence en fanfare en allumant Val sur son curieux rapport à l’histoire du journal, illustré dans le seizième numéros hors-série de Charlie Hebdo, publié au mois d’avril 2002 et intitulé : Dix ans de Bonheur. Philippe Val ne revient que très anecdotiquement sur le « premier » Charlie Hebdo et se contente d’une réflexion sur « le sien ».

« Octobre 1960 : Cavanna crée le premier mensuel Hara Kiri. Février 1969, Cavanna lance L’Hebdo Hara Kiri. Novembre 1970, De Gaulle meurt. L’Hebdo Hara Kiri titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Le journal est interdit par le ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin. La semaine suivante, Cavanna lance Charlie Hebdo. Décembre 1981 : fin provisoire de Charlie Hebdo... Juillet 1992 : après dix ans d’absence, Charlie Hebdo reparaît ».

L’historien nous signale que cet historique est truffé d’erreurs. Approximations causées par un manque d’appétence à vérifier ses informations ou légèreté traduisant une volonté d’en finir vite avec « l’ancien », pour se concentrer sur « le nouveau », « le sien » ? Le premier numéro du mensuel Hara Kiri est daté de septembre 1960 et non d’octobre, c’est Hara Kiri Hebdo qui est fondé en février 1969 (il devient l’Hebdo Hara Kiri en mai 1969) et l’ultime Charlie Hebdo (sans mention de dépôt légal) paraît en janvier 1982. Par ailleurs, l’idée de la fin provisoire relève de la téléologie : rien ne pouvait laisser alors imaginer que le titre renaîtrait de ses cendres. Par ailleurs Cavanna est présenté comme le seul fondateur des trois titre. Hara Kiri, l’Hebdo Hara Kiri, et Charlie Hebdo. Quid du professeur Choron, gommé de la carte postale, rayé de l’histoire officielle, jeté aux oubliettes.

Cet historique s’appuie sur des décisions de justice, qui interviendront à posteriori. Le 30 janvier 1993, la troisième chambre du tribunal de grande instance de Paris reconnaît la paternité du titre à Cavanna. Depuis lors, celui-ci apparaît dans l’ours du journal en qualité de « fondateur ». Plus près de nous, en mars 2002, François Cavanna a récupéré le titre Hara Kiri, journal bête et méchant, qui figure dépuis en dernière page de Charlie Hebdo.

En 2002, 42 ans d’histoire semblent donc en voie d’achèvement... Tout rentre dans l’ordre, le fondateur est reconnu comme tel par la justice. Mais il s’agit d’une reconstruction historique, orchestrée par le rédacteur en chef (c’est à l’époque Gébé qui est directeur de publication, il le reste jusqu’à sa mort le 5 avril 2004). La continuité entre les deux journaux est plus que contestable. En outre, les anciens collaborateurs du journal n’ont pas tous souhaité travailler pour la nouvelle version de 1992. Ainsi Arthur3, dans une fausse nécrologie de Val publiée dans le magazine en ligne Zoo d’octobre 1999 donne une explication de son départ de La Grosse Bertha en 1991 (dont le rédacteur en chef était Val) :

« Philippe Val était une synthèse de Voltaire, Montaigne et Bernanos réunis. Chaque semaine, ses lecteurs éblouis découvraient la différence entre le bien et le mal, la gauche et la droite, fromage ou dessert, fumeur ou non fumeur et Lagarde ou Michard. Mais aucun de ses subordonnés n’oubliera l’ambiance décontractée au Vittel-Fraise qui régnait dans les réunions de rédaction où l’abbé Val marmottait ses patenôtres en attendant qu’une bonne âme lui suggère les idées qui lui venaient si péniblement à l’esprit. »

Ou encore Delfeil de Ton, cité par Stéphane Mazurier :

« Ils réécrivent l’histoire, ceux de maintenant... ils la réécrivent si bien qu’il y a eu des des interviews, des pages dans les journaux où j’étais gommé de l’histoire de Charlie Hebdo ! C’est te dire à quel point ils la réécrivent... Et Bernier, ils te le gommeraient... »

Réglement de compte ? Certainement, mais qui révèle une pratique systématique à Charlie hebdo. Il y a l’histoire, celle qui cherche à être objective, écrite par les historiens du journal, dont je fais modestement partie et l’histoire officielle, rédigée par les gardiens du temple, sous l’autorité de « l’abbé Val ». Dix ans de Bonheur fait l’impasse sur Georges Bernier, alias le Professeur Choron, sans qui pourtant Cavanna n’aurait « rien pu faire » selon ses propres termes4 C’est Richard Malka qui se charge de lui régler son compte dans Dix ans de bonheur. La société éditrice de Georges Bernier « Stars, Spectacles et Créations », est présentée comme « obscure », ses membres comme « voleurs de titre » qui l’auraient « déposé en douce à l’INPI ». Il n’est même pas désigné nominativement ! Un assassinat en règle. À la mort de Georges Bernier, le 10 janvier 2005 à Paris, Charlie hebdo ne célébrera pas celui qui fut son âme, son inspirateur (la couverture Bal tragique à Colombey : 1e mort, c’était lui) avec Cavanna, l’artisan de sa pérennité économique jusqu’en janvier 1982 (financement, diffusion etc.). Un petit entrefilet de Cavanna, presque gêné. Un numéro pénible à lire pour qui a aimé l’ancien Charlie Hebdo.

Ce rapport à l’histoire a un nom. Gommage de personnages clefs de l’histoire, réécriture des événements, mise en place d’une vérité officielle assez éloignée des faits... de là à penser que Val a fait l’école de Moscou...
Ce que révèle l’Affaire Siné de profondément dégueulasse.

Mais revenons à l’Affaire, à cette « ordure » d’ « antisémite » qu’est Siné. Tout le monde sait que Siné verse dans la brune, qu’il est tellement obsédé par l’Etat Israël que ses « dérapages » n’ont rien d’étonnant et qu’il était grand temps qu’il soit viré. Comment tolérer « un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas », selon les dires de Claude Askolovitch qui s’est occupé de flinguer le caricaturiste Siné en place publique le 8 juillet sur les ondes de la Radio RTL. Une bonne purge, ça requinque ! « Antisémite » ! Ça vaut « Collabo » en 45, « Trotskyste » sous Staline, « Sorcière » sous l’Inquisition, « Pédophile » depuis l’affaire Dutroux. Ça salit bien, ça colle à la peau, ça tache éternellement, on ne s’en relève pas. Il faut faire gaffe avec ça. On connaît les ravages de l’antisémitisme. Il n’y a rien de plus odieux que l’antisémitisme, de plus crade, de plus dégueulasse, de plus dangereux. La bête immonde n’est pas morte, on le sait. Tous les jours on peut voir sa sale gueule menacer les libertés, la démocratie, le vivre ensemble. Personne ne devrait jouer avec ça. Et pourtant...

Que dit Philippe Val, que dit Claude Askolovitch (RTL, 8 juillet) que dit BHL (De quoi Siné est-il le nom ?, Le Monde, 21 juillet 2008), que dit Laurent Joffrin (Charlie Hebdo : sanctionner l’antisémitisme, Libération, Rebond, 25 juillet 2008) à propos de ce salopard de Siné ? Il a associé « juif, pouvoir et réussite sociale ». Siné est un sale gauchiste. Comme tous les sales gauchistes, Siné confond capitalisme, argent, juif, Amérique et Israël. Bang ! Un tampon d’antisémite sur la gueule et basta, va rejoindre tes camarades dans les poubelles de l’histoire.

Non. C’est faux. Siné n’a pas associé juif, pouvoir et réussite sociale. Il a suggéré une conversion à caractère supposée opportuniste de la part d’un garçon dont la récente geste politique a montré qu’il est brillant en la matière. Il ne l’a pas condamné, il l’a même félicité, avec un poil d’ironie, c’est de bonne guerre, c’est l’arme des Siné de tous les pays, l’ironie ! Dans cette phrase, Siné se fout que Mlle Darty soit de confession juive. Il le signale pour éclairer une opinion : Jean Sarkozy nous confirme encore une fois qu’il tient de son père car tout ce qu’il entreprend semble teinté d’un zest ou d’une louche d’opportunisme, même quand il s’agit du plus beau, en l’occurrence d’une romance avec une jeune fille ! Tout cerveau normalement constitué a compris ça. Des fous dangereux comme Guy Bedos, Gisèle Halimi, Christophe Alévèque, Lefred Thouron et des milliers d’anonymes qui le soutiennent ont compris ça.

Ceux qui y voient de l’antisémitisme ont un vrai problème. Un problème grave avec ce qui est de la définition de l’antisémitisme. L’antisémitisme, j’ai vérifié dans le Robert, mieux vaut être précis par les temps qui courent, c’est « le racisme dirigé contre les juifs ». Sur le plan historique, c’est la persécution en veux-tu en voilà, des pogroms en pagaille et enfin la Shoa, la négation de l’humanité, l’horreur absolue. Siné a défendu une thèse révisionniste ? Siné a encouragé la haine raciale ? Siné a fait de la provocation fascisante ? Non. A moins d’être d’un jésuitisme forcené, il faut être une véritable ordure pour affirmer que Siné fut tenté par de telles vilenies.
Ceux qui ont décelé de l’antisémitisme dans l’article de Siné sont des pompiers pyromanes.

Soit ils sont paranos et dénichent l’antisémitisme là où il n’est pas, et dans ce cas on ne peut rien pour eux, juste regretter qu’ils aient tant de facilité à répandre la peur qui les ronge sur la place publique. Soit ils sont sciemment manipulateurs, et dans ce cas ils sont dangereux pour la démocratie, car ils entretiennent un climat médiatique où l’antisémitisme est maintenu à un niveau artificiellement haut, en tout cas plus élevé qu’il ne l’est réellement. On se souvient tous de cette fausse agression antisémite dans le RER D en juillet 2004 qui avait soulevé l’indignation de toute la classe politique et fut relayée par tous les médias... et n’était qu’affabulation d’une jeune femme mythomane qui s’était elle même dessinée des croix gammées au marqueur sur le ventre. Tout le monde s’était emballé, de Libé au Figaro, en passant par TF1, RTL, LCI..... Personne n’avait fait d’enquête sérieuse. Pendant quelques jours, on avait agité le chiffon rouge de « la France antisémite », sans oublier de stigmatiser les jeunes de banlieues désignés par cette jeune femme égarée comme ses agresseurs... et patatras ! On n’a pas fait de progrès depuis ? Il y a bien assez de vraies agressions antisémites en France et dans le monde pour qu’on n’en invente pas ! Non ?

Philippe Val a-t-il fait une faute ? Une faute grave ? Si oui, cela mériterait des excuses publiques. Mais il ne s’excusera pas. Pourquoi ? Parce qu’il est d’une sincérité affolante dans cette affaire ! Il fait dire à Claude Askolovitch qu’il a découvert la tribune de Siné après publication. Il se fout ouvertement de notre gueule, de la gueule des lecteurs de Charlie Hebdo. Un Directeur de publication sait ce qui passe dans son journal, d’autant plus dans Charlie où la masse d’articles en une semaine est assez mince. C’est pas long à lire un Charlie. Et le bouclage, il n’y assiste pas au bouclage du lundi le Directeur ? Par ailleurs les lecteurs attentifs de Charlie savent que Val était assez obsédé par ce qu’il y avait dans la zone de Siné. Donc il ment ouvertement. Il reconstruit l’événement à son avantage. Vieille habitude du personnage. Et a au passage créé de toute pièce une affaire d’antisémitisme qui n’existe pas. Gravissime.

Siné piégé donc ? Possible. Mais pourquoi donc ? On n’oserait penser que l’antisémitisme n’est qu’un prétexte trouvé pour se débarrasser d’un gêneur dans la rédaction. Quel genre de gêneur ? Du genre qui prend la défense de Denis Robert5, du genre qui n’est pas dans la ligne du Boss ? Il faut dire que Charlie Hebdo a le même avocat que Clearstream, et que Siné était le dernier résistant à la « ligne » du patron depuis la disparition de Gébé... On n’oserait le penser, non... Utiliser l’antisémitisme, cet outil inflammable, pour salir un homme qu’on ne peut pas saquer... pour le mettre au banc... non... Et d’appeler le contexte au secours. Forcément le contexte, quand il n’y a rien dans le texte ! Yvan Rioufol termine son article Ce que dévoile l’affaire Siné (Le Figaro blog, 25 juillet 2008) avec un grand sens du hachoir « aussi, l’empressement des pétitionnaires à lui venir en aide [...] participe d’un vent mauvais visant à banaliser les considérations antisémites et à rendre suspect la libre critique des idéologies ; singulièrement de l’idéologie islamiste et ses liens avec le terrorisme, comme vient d’ailleurs de le rappeler Barack Obama. » Bah voilà, on est tous des antisémites, alliés objectifs du terrorisme, et Barak Obama le magnifique, sans le savoir, condamne Siné. Même lui, c’est dire... Rien que ça. Et c’est ce genre de type qui trouve Siné lourdingue...

Val est un inquisiteur. Sous des oripeaux moralisant à prétentions satiriques, le polémiste n’est qu’un vulgaire gardien de l’ordre moral et social. Il dit chaque semaine le bien et le mal, dans les longs prêches qui sont sa marque de fabrique. Il définit ce qui est critiquable de ce qui ne l’est pas. Il roucoule ses odes à la liberté et fait des courbettes à Jean Sarkozy, qui doit le mépriser d’être si dégoulinant de respect coupable. Val n’est qu’un petit courtisan voulant à tout prix garder un accès aux plateaux télé, quitte à sabrer son journal, à saigner sa rédaction. Il a hérité d’un brûlot et en a fait un infâme brouet. Il règne sur des cerveaux féconds et inventifs et le sien est d’une stérilité affligeante pour le titre qu’il dirige. Val est un curé, un curé censeur. Il espérait que ça passerait, il avait dû parier que personne n’oserait soutenir un homme taché du sceau de l’infamie. Plantage, mec. Siné, on l’aime parce que c’est un type bien. Toi, on te conchie, car ce que tu as fait est tristement dégueulasse.

Charlie Hebdo est mort, Vive Siné !

Renaud Chenu
(dans le site D&S)




Dessin de CHIMULUS




Dessin de JIHO








Télérama / Tribune

L'honneur perdu de “Charlie Hebdo”


- AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT

Siné, dessinateur historique de Charlie Hebdo, renvoyé par son directeur, Philippe Val. Motif invoqué : antisémitisme. Depuis deux semaines, cette décision a suscité énormément de réactions. Une pétition de soutien à Siné a recueilli dans un premier temps 2 000 signatures, parmi lesquelles celles d’Edgar Morin, de Gisèle Halimi, de Guy Bedos, mais aussi de confrères dessinateurs comme Willem, Gelück ou Pétillon. Par ailleurs, Philippe Val a reçu le soutien d’organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, telles que la LICRA ou SOS Racisme, mais aussi du philosophe Bernard-Henri Lévy, dans une tribune publiée par Le Monde. Mon propos n’est pas ici de revenir sur les circonstances de ce renvoi, sur ses causes réelles et supposées, mais de montrer, en tant qu’historien, comment cet acte constitue une des ultimes étapes visant à transformer un journal libertaire et insolent en un bréviaire moraliste et politiquement correct. Cette mutation radicale s’est opérée dans plusieurs directions, que nous allons successivement détailler.

Première orientation : faire preuve de révisionnisme historique. Philippe Val s’efforce depuis plus de quinze ans à travestir l’histoire du premier Charlie Hebdo, celui des années 1970. Certes, plusieurs noms illustres de la grande époque (Cabu, Wolinski, Willem) y signent encore des articles et des dessins, mais ce n’est plus leur journal. Ils servent de caution pour de vieux lecteurs espérant retrouver la verve satirique de leurs jeunes années. Pour Val, le Professeur Choron n’a jamais existé. Ou il ne fut qu’un alcoolo pathétique et exhibitionniste. Par charité, on fait apparaître chaque semaine dans l’ours le nom de Cavanna comme « fondateur » du journal, mais s’il y écrit encore sa chronique hebdomadaire, son poids décisionnel dans la rédaction est quasi-nul. Jusqu’à sa mort en 2004, Gébé, grande figure de la bande Hara-Kiri, était directeur de la publication et donc gardien du temple « bête et méchant ». Dès lors, Philippe Val a procédé à ce que l’on pourrait appeler une captation d’héritage. Val est devenu l’essence même de Charlie Hebdo.

Deuxième orientation : passer de la confrérie des égaux à une monarchie absolue. Dans les années 1970, même si Cavanna en était nominativement le rédacteur en chef, c’est « toute la bande » qui exerçait en fait cette fonction, puisque chacun, dessinateur ou rédacteur, était responsable de sa page. Aujourd’hui, il y a bien un chef, c’est Philippe Val et personne d’autre. Et alors ? Quoi de plus normal qu’un journal ait un chef ? Le problème est précisément que Charlie Hebdo ne devrait pas être un journal comme les autres, qu’il a été fondé il y a près de 40 ans pour proposer autre chose que la presse traditionnelle. Naguère, on pouvait y lire des diatribes de Gébé, Delfeil de Ton ou Wolinski contre France-Soir, Le Point, Le Parisien Libéré… Le Charlie de Val entend être parfaitement intégré au « champ médiatique » et n’a de cesse que de descendre en flammes la critique des médias, incarnée par Acrimed ou Le Plan B. Val est copain avec Jean-Luc Hees, Denis Jeambar, Laurent Joffrin, Franz-Olivier Giesbert… L’une de ses obsessions est d’être accepté par les barons de la presse écrite comme un des leurs, voire le primus inter pares.

Troisième orientation : passer du « bête et méchant » au pseudo-intellectuel. Dans un vieil article du premier Charlie Hebdo, Cavanna pestait contre ceux qui usaient et abusaient de citations d’auteurs, trahissant ainsi la faiblesse de leur réflexion personnelle. Chaque semaine, Philippe Val veut nous montrer qu’il a lu beaucoup de livres, et des plus ardus. Il n’est pas rare de trouver sur une seule demi-page les noms de Spinoza, Voltaire, Montaigne, Hugo… Cette manie est aussi celle du nouveau meilleur ami de Charlie Hebdo : Bernard-Henri Lévy. Il l’a encore démontré dans sa spécieuse tribune publiée par Le Monde (22.07.08), dans laquelle il prend vaillamment la défense de Philippe Val contre Siné, l’affreux antisémite. La communion d’esprit entre le Charlie Hebdo de Val et BHL est le pathétique couronnement d’un édifice patiemment construit. Il y a tout juste 30 ans, le « nouveau philosophe » s’en prenait à « l’antisémitisme discret et familier » (1) de Charlie Hebdo, provoquant ce soupir de Cavanna : « C’est triste de perdre son temps à répondre à des conneries » (2). En 1998, Philippe Val qualifiait encore BHL d’« Aimé Jacquet de la pensée ». Depuis deux ans, Val et Lévy sont côte à côte, sur les mêmes estrades, militants infatigables des droits de l’homme et de la liberté d’expression.

Cela nous amène à la dernière orientation : le positionnement de Charlie Hebdo en matière de politique extérieure. Dans les années 70, le journal renvoyait dos à dos les pro-israéliens fanatiques et les pro-palestiniens fanatiques. À l’heure actuelle, Val est clairement du côté israélien, parce qu’Israël serait la seule démocratie du Proche-Orient. Il se méfie comme de la peste des Palestiniens, suspectés d’être des terroristes en puissance, ces « islamo-gauchistes » dénoncés sans relâche par BHL. Dans les années 70, Charlie Hebdo condamnait toutes les guerres, au nom d’un pacifisme intransigeant assumé. En 1999, Val a applaudi l’intervention militaire de l’OTAN au Kosovo. Dans les années 70, Charlie Hebdo offrait une critique impitoyable de l’impérialisme américain et de son système politique gangrené par la corruption. Aujourd’hui, Val dresse les louanges de la plus grande démocratie du monde et de sa guerre contre le terrorisme. Dans les années 70, Charlie Hebdo insistait sur les dangers d’une construction européenne fondée uniquement sur le libre-échange et la technocratie. En 2005, Val a plaidé vainement pour le « oui » au référendum sur la construction européenne.

Par ailleurs, après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2007, Val n’a pas consacré son billet à la nécessaire mobilisation de l’électorat de gauche pour battre Sarkozy. Pas du tout : il s’est réjoui de ce que les anciens partisans du « non » au référendum aient réalisé de faibles scores. Et, fidèle à ses raccourcis abjects dont il a le secret – ainsi comparer un article de Télérama, signé Weronica Zarachowicz, aux Protocole des Sages des Sion – il établit l’équation Bové = Le Pen.

En virant Siné, Val élimine un des derniers bastions de résistance interne au journal. Charlie Hebdo est mort. Pourquoi conserver ce titre ? Il y a tromperie sur la marchandise, sinon publicité mensongère. En tant qu’historien du Charlie Hebdo des années 1970, je demande donc solennellement à M. Val de changer le nom de son journal. Plusieurs possibilités s’offrent à lui : Le Meilleur des mondes illustré, Le Figaro rigolo ou Sarkoland-Posten (3).

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Stéphane Mazurier

(1) Le Matin de Paris, 1er novembre 1978.
(2) Charlie Hebdo, 9 novembre 1978.
(3) En hommage au journal danois ultra-conservateur, Jyllands-Posten, qui publia, le 30 septembre 2005, les caricatures de Mahomet


(*) Agrégé d’histoire, Stéphane Mazurier est l’auteur d’une thèse sur le Charlie Hebdo des années 1970 qui sera publiée chez Buchet-Chastel en 2009. il est aussi le co-auteur, avec Cavanna, Michèle Bernier et Delfeil de Ton de l’album “Hara-Kiri”, publié par Hoëbeke en octobre 2008.



Le Monde diplomatique
La valise diplomatique

jeudi 24 juillet 2008

L’« affaire Siné »

Antisémitisme : l’échec d’un chantage

Cette fois, ça n’a pas marché. Depuis le début des années 1990, on ne comptait plus les adversaires de l’impérialisme, du néolibéralisme, des médias dominants…, qualifiés d’antisémites, voire de « nazis » par quelque gardien de l’ordre social. Le prétexte pouvait être léger, inexistant même. Qu’importe : écrasé par la gravité de l’imputation, l’accusé devait aussitôt exciper de ses états de service antiracistes, évoquer la liste de ses amis et parents promptement transformés en cautions de moralité, autopsier un trait d’humour plus ou moins réussi.

Rien n’y faisait. Car seul le tribunal de l’Inquisition et ses juges inamovibles (Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Alexandre Adler, Philippe Val, Bernard-Henri Lévy) avaient la permission de manier l’irrespect, la provocation, de frôler (ou de franchir) la ligne jaune de la stigmatisation collective. Eux pouvaient justifier — au nom de Voltaire et du droit à la caricature — leurs dérapages sur, par exemple, la couleur des joueurs de l’équipe de France ou l’assimilation de l’islam au terrorisme.

Torquemada n’avait rien à redouter. Quadrillant les médias, il déployait les techniques décrites dans Le Barbier de Séville« Puis tout à coup, on ne sait comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription ». A une différence près : le « on ne sait comment » de Beaumarchais était dépassé puisque nul n’ignorait à cause de qui Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen, Daniel Mermet, Hugo Chavez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse, Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové… sans oublier Le Monde diplomatique (1), ont été tour à tour suspectés ou accusés d’antisémitisme.

En juillet dernier, un journal qui se voulut autrefois « bête et méchant » — et qui s’ingénie sur ce point à passer du second degré au premier — a entrepris d’ajouter à la liste le caricaturiste Siné. Torquemada, cette fois incarné par Philippe Val, est l’employeur du contrevenant. Il lui a fallu une semaine pour décréter que l’une des chroniques de Siné, publiée, avec son imprimatur, dans Charlie Hebdo était… antisémite. Terrible absence de vigilance ou accusation ciselée pour se débarrasser d’un gêneur, comme le soupçonnent à la fois l’auteur du « délit » et d’autres caricaturistes (Martin, Lefred-Thouron, Willem, Pétillon, Tignous) ? Récalcitrant, le prévenu a refusé de signer la lettre d’aveux que le patron du journal, s’inspirant pour le coup d’une tradition assez peu satirique, avait rédigée pour lui. Il a été congédié. L’affaire aurait pu en rester là, et Siné demeurer au banc d’infamie, lâché par la plupart de ses anciens camarades, sa photo bientôt gommée des albums commémoratifs.

Seulement, cette fois, l’affaire semble se retourner contre ses instigateurs. En marquant leur solidarité avec le dessinateur calomnié, des milliers de personnalités, d’intellectuels, de journalistes et d’anonymes ont signifié que ce manège devait cesser. Et que l’imputation d’antisémitisme, ce « mot qui tue » du débat intellectuel français, ne saurait être utilisée comme argument de convenance ou d’autorité pour discréditer un adversaire trop remuant.

Pierre Rimbert

(1) Bernard-Henri Lévy a reproché à plusieurs reprises au Monde diplomatique de s’être spécialisé dans la dénonciation des « synarchies new-yorkaises ». Cette expression (le mot de « synarchie », qui n’a rien de répréhensible au demeurant, signifie une « autorité exercée par plusieurs personnes ou plusieurs groupements à la fois », selon le dictionnaire Robert), ne figure pas une seule fois dans la banque de données du mensuel depuis 1977…






Lettre de Syvain GOLDSTEIN Président du MRAP 93


Suite à ce document du MRAP,
une pétition circule dont voici une première signature.







COUVERTURE de CHARLIE HEBDO
du 1er Octobre 1980





Dessin de Loïc FAUJOUR
paru dans ZOO en octobre 1999








Transcription du passage concernant Siné dans l’émission « on refait le monde » sur RTL le 8 juillet 2008-07-16


Nicolas Poincaré présente « on refait le monde sur RTL » avec la participation de Philippe Turle, Claude Askolovitch, Alain-Gérard Slama et Claude Cabannes

« Coup de cœur, coup de gueule » qui veut commencer ?
Claude Askolovotich :
-C’est une affaire, à mon avis, qui va faire beaucoup de bruit…C’est un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas qui s’appelle « Charlie Hebdo ». L’auteur de l’article, c’est un vétéran du dessin de presse et de la polémique en France... il s’appelle Siné. Il est dans « Charlie Hebdo » depuis toujours. Il a une chronique hebdomadaire dans « Charlie »
Sa dernière chronique consacrée partiellement à Jean Sarkozy, fils de son père, etc. Et, à un moment donné, Siné dérape, mais dérape bien ! Je cite une phrase, voilà.. Il parle de Jean Sarkozy »digne fils de son paternel, etc…et il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritières fondateurs de « Darty ». Il fera du chemin dans la vie ce petit ! » Sous-entendu, pour faire du chemin dans la vie, vaut mieux être juif, pour avoir des héritiers (ici un mot inaudible)
Et il y en a d’autres du mêmeeau (sic) dans la chronique. Déjà, ça pose un gros problème ! Ce qui est intéressant, c’est un article qui est paru mercredi de la semaine dernière… Philippe Val, patron de « Charlie », totalement insoupçonnable de cette dérive et qui est même considéré comme philosémite…. Ça énerve pas mal de gens à l’extrême gauche… le lectorat de « Charlie Hebdo » est plutôt philosémite etc. Peu importe ! Philippe Val n’a pas lu cette chronique parce qu’il déteste tellement Siné, qui fait partie de la vieille garde de « Charlie Hebdo » d’un gauchisme imbécile qu’ il exècre, dixit Philipe Val, qu’il ne les lit plus. Donc, les chroniques de Siné arrivent directement par fax, et elles ont dans le journal.Et là, c’est très embétant parce que Val, patron de « Charlie Hebdo » va sans doute se payer, peut se payer un procès pour « antisémitisme » pour un article qu’il désavoue,qui est passé dans son journal qu’il n’a pas lu…et, la semaine prochaine- je lui ai parlé longuement au téléphone-il va faire lui, son éditorial pour expliquer que Siné est une ordure, a dérapé totalement et qu’il devrait partir. Vous me direz : pourquoi il ne le vire pas ? Et c’est là où l’histoire de la presse est extraordinaire : il ne peut pas le virer parce qu’il fait partie des « historiques » de « Charlie Hebdo », Siné !... Donc vous avez une affaire, on va en parler plus longuement, et c’est une affaire qui concentre toutes les ambiguïtés d’un certain discours très à gauche, quand on en vient à la question nazie ou à la question juive ?
L’ambiguïté d’un journal quia publié des articles avec lesquels il n’est pas d’accord mais qu’il passe quand même et l’impuissance d’un patron de presse, Philippe Val, totalement insoupçonnable, encore une fois, ni de racisme, ni d’antisémitisme, mais qui se retrouve en situation d’accusé qui pense que c’est juste…..


Alain Gérard Slama commente : Ce qui est très très curieux, c’est la force de cette tradition d’antisémitisme chez les caricaturistes. Je repense à Konk, dans « le Monde » qui était d’un antisémitisme forcené et qui a fait quelques disciples. D’ailleurs il est parti au « Front National (on entend distinctement Askolovitch qui commente : » lui était négationniste, ce que n’est pas Siné »)
Je pense comme quoi il y a souvent des liens entre la virulence de la dénonciation de l’argent des riches et puis l’antisémitisme. C’est pas une preuve de nouveauté ce que je dis, Freud l’avait vu et dit avant moi ! C’est une raison supplémentaire pour qu’on évite ce type d’argument car je reviens sur le discours sur l’argent







Jeudi 17 juillet 2008
COMMUNIQUE AFP

L’humoriste SINE a fait connaître aujourd’hui sa décision de déférer au Tribunal Correctionnel de Paris du chef de diffamation le journaliste Claude ASKOLOVITCH et tous ceux qui en le traitant injustement d’ “antisémite” et d’ “ordure” ont provoqué son licenciement par CHARLIE HEBDO et ruiné l’engagement de toute une vie en faveur de la tolérance, de la liberté d’expression et de l’égalité entre les usagers de la planète terre.








Paris, le 16 juillet 2008


Philippe Val,


Tu es à Charlie Hebdo ce que Sarkozy est à la France. À la différence près que lui a été élu ; toi, dans des conditions qui m’échappent et dont je me tape, tu as fait un coup d’État. Me revient une phrase que j’avais écrite à propos de certains politiques, de droite ou de gauche, et qui, au regard de ton attitude, te concerne aujourd’hui : « Ce n’est pas en crachant dans les miroirs qu’on guérit de l’eczéma. Ça les démange et ils se grattent sur la peau des autres. » Après t’être acharné – c’était une urgence !- sur Denis Robert, dont manifestement tu ne connais ni les livres, ni les films, voilà que tu t’en prends à Bob Siné, que, brutalement, tu vires pour antisémitisme. Il y a longtemps que les lecteurs attentifs de « Charlie » savent ce qui vous oppose à propos du conflit israélo-palestinien. Prétexte, donc. Antisémite, Siné ? As-tu lu David Grossman et Amos Oz, écrivains israéliens qui, sans relâche, luttent, en Israël, contre l’actuel pouvoir israélien ? Antisémites eux aussi ? Moi qui ai dit sur la scène de l’Olympia : « Je ne confondrai jamais Ariel Sharon et Bibi Netanyahu avec Anne Franck et Primo Levi », suis-je pour autant un néo-nazi qui s’ignore ? Je pourrais te mépriser, je te plains.

Guy Bedos







SINÉ ASSASSINÉ


On a retrouvé le corps sans vie du dessinateur de 79 ans à son domicile de Noisy-le-Sec, victime du mot "antisémite" en pleine tête. On sait que ce mot a charge creuse laisse peu de trace en façade mais fait d'immenses dégâts à l' arrière du crâne et sur le papier peint. Après visionnage des caméras de vidéosurveillance, il semble que l'auteur du tir mortel soit le tueur à gages Claude Askolovitch, commandité par Philippe Val, patron de la victime. Ce dernier aurait voulu se débarrasser d'un employé dont le franc parler et l'imprévisibilité menaçait de compromettre la suite de sa carrière de bien pensant. Si l'ombre du Parrain, et plus particulièrement de son fils, plane sur cette sordide affaire, ce ne serait selon les spécialistes du milieu que pure coïncidence. D'autres y voient malgré tout une nouvelle preuve du zèle de l'assassin.
Après une enquête rondement menée, la police, souvent vilipendée par la victime, a très rapidement conclu au suicide.
Selon les voeux de sa rédaction, le dessinateur sera enterré dans la presse française, sans fleurs ni couronnes.

Benoit Delépine






Siné n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un ami. Sa misogynie
volontairement primaire nous a tenus éloignés l'un de l'autre, malgré
quelques causes communes essentielles. (anticolonialisme, antiracisme etc.).



La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif
allégué : propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes,
je suis en mesure d'affirmer - en spécialiste du droit de la presse - qu'il
ne s'agit que d'un prétexte ; un procès pour antisémitisme n'aurait guère de
chances d'aboutir.



Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient
aujourd'hui pour maintenir une psychose du juif persécuté.



Charlie Hebdo s'est toujours posé en champion de la liberté d'expression.



Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des
caricatures de Mahomet. Aujourd'hui il porte à cette liberté un coup
terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire.



J'ai participé en son temps avec Cavanna et d'autres, à la création de
Charlie Hebdo. Cette aventure superbe risque de s'achever dans la honte.



J'ai bénéficié jusqu'à présent d'un service de presse du journal. Arrêtez.
Je ne veux plus vous entendre ni vous lire.



Gisèle HALIMI







Société

Plantu : « Charlie fait le contraire de ce qu'il prône »

Dessinateur du Monde depuis plus de trente ans, de L'Express et agitateur de la mythique émission ''Droit de réponse'', Plantu avoue que cette histoire le fait « bien marrer » :
« Oui, Siné est viré alors qu'il n'a fait que de la provocation. Charlie Hebdo fait le contraire de ce qu'il prône, censure la liberté de parole. Mais ce n'est pas la première fois. Il faut arrêter la démagogie qui laisse à penser qu'on peut tout dire ou dessiner à Charlie Hebdo. Cela fait des années que je dis que c'est faux. J'y ai travaillé quelques semaines et il n'était pas imaginable que je puisse faire le moindre dessin positif sur l'école privée.
Que ce soit clair, Charlie Hebdo est un journal de provocateurs, un journal que j'aime, qui fait du bien, avec des dessinateurs provocateurs, mais, dans la provocation, il convient également d'accepter les dérapages. Siné a fait un dérapage mais on ne peut pas le taxer d'antisémite pour autant. Après avoir poussé dehors le dessinateur Lefred Thouron il y a quelques années, Charlie vient de faire la plus belle connerie qu'il a jamais faite ! Je ne veux pas croire que les dessinateurs de Charlie Hebdo acceptent une telle censure ».

18/07/08 l’est republicain





Carte blanche :

A CHARLIE HEBDO

Non content de nous infliger depuis trop longtemps ses éditos indigestes, sentencieux, autant que bien pensants, Philippe Val donne maintenant dans l'abjection.
Il accuse Siné d'antisémitisme et l'exclut du journal. Il règle ainsi d'une façon sordide un vieux compte nauséabond, celui qui l'oppose depuis des lustres à une bonne partie des lecteurs du journal; ces lecteurs qui ne lui sont restés fidèles que grâce aux talents et à l'insolence de ses collaborateurs et pas à l'idéologie fumeuse de son patron.

Siné antisémite! Ce serait une bonne blague si cela ne relevait pas d'une chasse aux sorcières, initiée par des écrivaillons embourgeoisés prêts à toutes les forfaitures pour être du bon côté du manche médiatique.
Nos pères, si pleins de tolérance et d'humour doivent s'arracher les "payès" dans leur paradis kashèr en voyant la petitesse suffisante d'un Askolovitch et de ses comparses.

Oui! A cette insulte fielleuse, ma part de juif se révolte, partagée entre le dégoût et le rire. Quels nabots du journalisme il faut être pour se livrer à de telles bassesses, et quels flatteurs soumis pour les soutenir?

Oui, de la même façon qu'il défend les "underdogs" toutes couleurs confondues,Siné est le grand ami des juifs, Siné est notre ami, le meilleur de nos amis, l'ami de ce que nous avons de meilleur en nous! Siné,à te lire depuis si longtemps, à te fréquenter, j'en témoigne et suis prêt à le faire jusqu'à ce que tes lamentables détracteurs soient confondus.

Siné tu es un "mènsch"*, Siné je t'aime.

Mark Held


* "celui qu'on admire et qui sert d'exemple, celui qui a un noble caractère"
(Leo Rosten "Les Joies du Yiddish" . Livre de poche

Mark Held. Architecte. Blog Paul Moreira. 20 minutes






19.07.2008

Siné qua non
Viré de Charlie Hebdo pour excès de caricature… Caricaturer d’accord mais dans les limites du convenable. Siné, l’homme qui conchie toutes les chapelles, tous les tribalismes, tous les chauvinismes devrait savoir que l’époque n’est plus à l’outrance.
Je ne le connais pas Siné mais depuis que je suis gosse, ses dessins m’accompagnent. Ses petits mickeys furibards. Pas dans la dentelle. Un style entre deux gueules de bois. J’ai lu la phrase sur le fils Sarko qu’on lui reproche. Pas fin. A la Siné. Il suggère que le fils Sarko est prêt à se convertir au judaïsme pour épouser une riche héritière. Que faut-il y lire ? Une mise en lumière de l’opportunisme du petit monsieur qui a su si bien mener sa barque à Neuilly ? Ou comme le dénonce le flamboyant journaliste néo-sarkozyste Claude Askolovitch : anti-sémitisme puisque Siné affirme que pour réussir, il faudrait être juif ?
Siné est il assez imbécile pour penser un truc pareil ?
Personnellement, et jusqu’à preuve du contraire, j’appartiens au camp de ceux qui en doutent.
Par ailleurs, je ne peux m’empêcher de remarquer que Claude Askolovitch peut se montrer beaucoup plus tolérant envers des propos frôlant le racisme. Ainsi quand des journalistes israéliens de Haaretz avaient publié une interview d’Alain Finkielkraut où celui-ci remarquait - avec le style serein et bienveillant qui le caractérise- que nous étions la risée de l’Europe parce qu’il n’y avait, disait-il, que des noirs dans notre équipe de foot, Asko se fend d’un papier dans l’Obs. Devinez qui il conspue ? Les félons israéliens qui ont eu le toupet de mettre dans l’embarras le grand idéologue de l’anti-métissage ! Et de rappeler, fort à propos, qu’il y a aussi des « putes » en Israël.
Quant à Philippe Val, qui pratique avec un art consommé le journalisme de l’amalgame, j’avais admiré la maestria de son édito où il démolissait le travail de mon ami Denis Robert (l’homme qui a forcé le ministre Longuet à la démission par ses enquêtes, puis qui a organisé l’appel de Genève avec des rigolos du calibre du juge Baltazar Garzon, pour une meilleure coopération judiciaire contre la criminalité financière, puis enfin, pour son plus grand malheur, qui a croisé le chemin d’une banque un peu compliquée et hargneuse : Clearstream). En quelques glissements successifs, Denis Robert était lui aussi devenu suspect d’antisémitisme. Vous savez pourquoi ? Parce que quand on fait du journalisme d’investigation, d’après Val, c’est qu’on a la manie du complot. Et si on a la manie du complot, c’est qu’on est un peu pareil que les types qui ont écrit le protocole des sages de Sion. Les antisémites russes qui avaient inventé un texte sur un faux complot juif. Pourquoi se fouler à chercher les faits, trois comparaisons, ça fait la blague... Si ça démoli un peu plus un gars qui a eu à subir plus d’une centaine de visites d’huissiers, peu importe. Peu importe aussi qu’il ai gagné la plupart de ses procès. Peu importe que Clearstream ai hébergé des banques aussi morales que la BCCI. Val ne connaît pas la BCCI. Et de toutes façons, que valent les faits, quand on a raison ?...
Je vous écris tout ça alors que je suis chez un ami en Grèce. Il vit au bord d’une falaise et ne retient de ce qui se passe en France que les embruns. Lui, il connaît bien Siné qu’il a invité ici, en vacances, l’année dernière, pour quelques jours. Mon ami, Mark Held, qui a quelques années de plus que moi, il a eu à fuir et combattre des antisémites sur lesquels le doute n’était pas permis. On les appelait les nazis. Il est même médaillé de la résistance. Et comme il était fou furieux de cette chasse aux sorcières contre son pote Siné, je lui ai offert l’espace de mon blog, pour qu’il s’exprime. Mark est un peu juif. C’est secondaire. C’est surtout un gars qui aime la liberté…
Paul moreira. Jounaliste
Blog 20 minutes





Maintenant je n'ai plus de raison de lire Charlie.
Toutes mes pensées amicales.

Georges Moustaki









oute l'actu 18.07.2008 | 16:05
SINÉ VIRÉ DE CHARLIE HEBDO
Philippe Val : "Cela devient trop dégueulasse"
Exclusif Le directeur de Charlie Hebdo, qui a décidé de renvoyer le caricaturiste Siné pour des propos qu'il juge antisémite, déplore "l'ampleur incroyable" qu'a pris cette affaire. "Je reçois des menaces physiques", dit-il.

Philippe Val : "Cela devient trop dégueulasse"
Philippe Val, le directeur de la publication et de la rédaction de Charlie Hebdo, déplore vendredi 18 juillet l'ampleur qu'a pris l'affaire autour du licenciement du dessinateur Siné.
Le caricaturiste, accusé d'avoir tenu dans une chronique des propos antisémites liés au projet de mariage de Jean Sarkozy, a été renvoyé de l'hebdomadaire satirique, avait confirmé Philippe Val mardi. Une décision contestée par Siné qui, dans une interview à nouvelobs.com, dénonce l'attitude de Philippe Val, une "crapule" selon lui. Siné affirme que le patron de Charlie voulait "le virer depuis deux ans".

"Je reçois des menaces physiques"

Interrogé à son tour par nouvelobs.com, l'intéressé n'a pas souhaité s'exprimer sur ces accusations. "Je vais arrêter de répondre à tout ça", nous a-t-il dit, ajoutant : "cela devient trop dégueulasse, tellement ignoble". "Je reçois des menaces physiques, ma boîte mail est saturée de centaines de mails d'insultes. On me traite d'ordure sioniste", a-t-il déclaré. Pour Val, cette affaire a pris "une ampleur incroyable". "C'est le monde à l'envers", poursuit-il, "puisqu'on en oublie le fond de l'affaire, c'est-à-dire la tenue de propos antisémites". "Désormais, c'est moi qui suis suspecté", estime Philippe Val, pour qui cette polémique "démontre un certain état d'esprit".









TELERAMA

p
olémique
Affaire Val/Siné : le syndrome du “pétage de plomb”
Le 22 juillet 2008 à 15h27


En renvoyant le dessinateur Siné pour “antisémitisme”, Philippe Val, le directeur de “Charlie Hebdo”, s'est rangé du côté des censeurs qu'il prétend combattre. Dans sa chronique, qui visait Jean Sarkozy, Siné était pourtant fidèle à son goût de la provoc' et de l'outrance... A lire aussi, la chronologie d'une affaire plus complexe qu'il n'y paraît et qui commence par un article dans “Télérama”…
ET AUSSI

"L'affaire Siné", une chronologie | 22 juillet 2008

Philippe Val, le directeur de Charlie Hebdo, l’ignore sans doute, mais il a au moins un point commun avec Nicolas Sarkozy : l’art consommé du pétage de plombs. Dans Ces mots qui nous gouvernent (éd. Bayard), la sémiologue Mariette Darrigrand classe en bonne place la présidentielle répartie « casse-toi, pauvre con », inaugurée au dernier Salon de l’Agriculture. Elle fait même de ce « pétage de plomb », l’un des entrées de son abécédaire de la France sarkozienne.

En virant salement le dessinateur Siné pour antisémitisme (lire la chronologie de l'affaire), Philippe Val s’inscrit dans l’air du temps fait de violence verbale, de manichéisme et d’anathème. Mais il a surtout porté un sale coup à cette liberté de la presse qu’il prétend chérir comme un Saint-Just. Réglant à cette occasion un vieux contentieux avec le dessinateur – guerre de génération, conflit d’opinion sur l’affaire Clearstream et sur la question israélo-palestinienne, notamment – Val a cédé sur deux fronts : celui de l’insolence (en craignant une réaction des Sarkozy fils ou père) et celui du débat d’idées en brandissant l’antisémitisme, à mauvais escient, comme une bulle d'excommunication.

Même si Télérama a eu maille à partir, ces dernières semaines, avec Charlie Hebdo, même si l’une de nos consœurs a été diffamée (voir op cit), l’heure n’est pas aux règlements de compte. Ce n’est pas notre terrain. Car l’« affaire Siné » raconte aussi quelque chose de l’air du temps. Du débat intellectuel et de ses frontières gardées par d’étranges défenseurs autoproclamés, comme Val, de la liberté, du bon anti-racisme et des valeurs républicaines.

En juin dernier, Siné écrit ceci dans les colonnes de Charlie Hebdo : « Je n'ai jamais brillé par ma tolérance mais ça ne s'arrange pas et, au risque de passer pour politiquement incorrect, j'avoue que, de plus en plus, les musulmans m'insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul ! »
« Leurs maris barbus embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique n'ont rien à leur envier du point de vue disgracieux. Ils rivalisent de ridicule avec les juifs loubavitchs ! Je renverserais aussi de bon cœur, le plat de lentilles à la saucisse sur la tronche des mômes qui refusent de manger du cochon à la cantoche ».

Philippe Val a-t-il alors quelque chose à redire ? Non, l’excès et l’outrance font partie du contrat de mariage de Charlie Hebdo avec ses lecteurs. Et les juges ont même consacré cette impertinence en relaxant le journal poursuivi pour « injures publiques » dans l’affaire des caricatures de Mahomet. Val qui n’a cessé de défendre la publication de ces mauvaises caricatures et, notamment celle assimilant le prophète Mahomet à un terroriste au risque de jouer les pompiers pyromanes, s’est vu conforté par le Tribunal de grande instance de Paris, en mars 2007. En dépit « du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans », le jugement a reconnu que « les limites de la liberté d’expression n’avaient pas été dépassées ».

Comment ce qui s’appliquerait aux uns – les musulmans –, ne s’appliquerait-il pas aux autres – les juifs, les militaires, les Corses … et même les fils de président –, toutes cibles de choix du provocateur au bazooka nommé Siné ?

En prétendant défendre la république et ses libertés, Philippe Val dessine les contours manichéens d’un débat dont il veut lui-même garder les frontières. La République de Val sent la Terreur plus que le 14 juillet. A ce jeu là, l’universitaire Pascal Boniface, parce qu’il critiquait la politique d’Israël, a été accusé, naguère, de tous les maux par les amis de Charlie Hebdo... Le journaliste du Monde diplomatique, Alain Gresh, a été taxé de crypto-islamisme parce qu’il conversait avec Tariq Ramadan…

Heureusement, le pétage de plomb de Philippe Val a réveillé les esprits. A moins de considérer comme suspects les signataires de la pétition en faveur de Siné. Belle et éclectique brochette qui va des dessinateurs Willem, Pétillon, et Philippe Geluck aux écrivains Gilles Perrault, François Maspero ou Raphaël Confiant en passant par Rony Brauman et Edgar Morin. Tous antisémites ?
.
Thierry Leclère



Affaire Val/Siné : le syndrome du “pétage de plomb” | 22 juillet 2008

De jour en jour dans les journaux, presque d'heure en heure sur les blogs, « l'affaire Siné » prend de l'ampleur. Les partisans de Siné et ceux de Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, se répondent à coup de lettres ouvertes, pétitions, diatribes, engageant chacun sinon à se rallier, du moins à se positionner sur le prétendu antisémitisme du caricaturiste de Charlie. Difficile devant l'emballement médiatique d'y voir clair. D'autant que le différend entre Siné, 79 ans, et Philippe Val, 55 ans, s'il explose aujourd'hui, ne date pas d'hier. Cette chronologie tente de résumer les prises de positions des deux camps.

11 juin
Dans un post-scriptum à son article publié dans Télérama et consacré à Denis Robert et à ses nouveaux démêlés avec l'institution financière luxembourgeoise Clearstream, notre consœur Weronika Zarachowicz rappelle qu'« ironie de l’affaire : Clearstream a pour (excellent) avocat Richard Malka, qui défend aussi Charlie Hebdo. La liberté de la presse, ça va un temps… il faut bien vivre. »

25 juin
Dans son éditorial de Charlie Hebdo, Philippe Val prend la défense de son avocat, Richard Malka et résume les années d'enquête de Denis Robert à de la diffamation. Juste avant de diffamer à son tour Weronika Zarachowicz en assimilant son article aux Protocoles des sages de Sion, faux document antisémite notoire, rédigé au XIXe pour accréditer la thèse d'un complot juif mondial.

Blessée, notre consœur adresse un droit de réponse à Philippe Val, qu'il refusera de publier : « Vous établissez un lien entre mon travail et les Protocoles des Sages de Sion, impliquant que je suis donc adepte du grand complot antisémite. C'est abject. Diffamatoire. Et d'autant plus rance de la part de quelqu'un qui donne des leçons de déontologie et affiche sans cesse sa prétention à défendre les grands principes. »

C'est Richard Malka en personne, l'avocat schizophrène, qui lui répond dans une lettre à la rhétorique pour le moins tordue dans laquelle éclate le conflit d'intérêts lié à sa double casquette d'avocat de Charlie et de Clearstream. « Et, au-delà de ma personne, vous rendez vous compte que Clearstream, loin d’être une abstraction fantasmagorique, constitue une société dans laquelle 1.500 personnes travaillent et qui, toutes, ont également été blessées d’être assimilées à des commanditaires de tueurs russes, rôle que vous attribuez aux tribunaux français. Cette comparaison ne vous paraît-elle pas relever quelque peu des excès que vous dénoncez ? »
Dans son blog sur bakchich.info, Sébastien Fontenelle, est l'un des rares à faire cas de la polémique : lire Philippe Val fait sa vilénie mercredique.

2 juillet
Dans sa chronique hebdomadaire de Charlie Hebdo, si judicieusement intitulée « Siné sème sa zone », Siné s'abstient de donner son point de vue (contradictoire) sur « l'édito-lynchage » de son rédacteur en chef et choisit de remplacer sa prose par un bandeau « Autocensure ». Juste en dessous de ce qui sera perçu comme une ultime provocation, Siné ironise sur une éventuelle conversion au judaïsme de Jean Sarkozy avant son mariage annoncé par la presse avec la fille du fondateur des magasins Darty :
« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

8 juillet
Le journaliste Claude Askolovitch, commente l'article sur RTL dans l'émission On refait le monde, dont il est l'un des chroniqueurs : « C'est une affaire qui a mon avis va faire beaucoup de bruit. C'est un article antisémite dans un journal qui ne l'est pas qui s'appelle Charlie hebdo. »

17 juillet
La machine médiatique est lancée, comme le résume cet article de Rue89. Val saute sur l'occasion pour engager une procédure de licenciement à l'encontre de son collaborateur qui refuse de s'excuser et dénonce le procès en sorcellerie dont il s'estime victime.

18 juillet
Guy Bedos, ami proche de Denis Robert (tout se tient), se fend d'une lettre ouverte au directeur de la publication de Charlie Hebdo dans laquelle il n'hésite pas à comparer les méthodes de managment de Philippe Val à celle de Nicolas Sarkozy : Philippe Val, Tu es à Charlie Hebdo ce que Sarkozy est à la France. Lettre dans laquelle Bedos estime que le prétendu antisémitisme de Siné n'est qu'un prétexte avancé Val pour se débarraser une fois pour toutes de celui dont il n'a jamais partagé les prises de positions contradictoires sur le conflit israélo-palestinien. Siné s'en prenant presque toutes les semaines à la politique israélienne. Val ayant la facheuse tendance à confondre Palestinien et terroriste.

Un peu plus tard dans la journée, c'est au tour de Gisèle Halimi, qui a participé à la création de Charlie, d'apporter son soutien au dessinateur et de dénoncer le « prétexte » : « Siné n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un ami. Sa misogynie volontairement primaire nous a tenus éloignés l'un de l'autre, malgré quelques causes communes essentielles (anticolonialisme, antiracisme etc.). La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif allégué : propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d’affirmer – en spécialiste du droit de la presse – qu’il ne s’agit que d’un prétexte ; un procès pour antisémitisme n’aurait guère de chances d’aboutir. »

Sur le Net, une pétition de « soutien inconditionnel » à Siné circule, réunissant les dessinateurs – Willem, Pétillon, Pichon, Philippe Geluck, Desclozeaux –, des écrivains tels Gilles Perrault, François Maspero et Raphaël Confiant, des philosophes comme Michel Onfray et Daniel Bensaïd, les humoristes Guy Bedos et Christophe Alévêque, l'écrivain et cinéaste Fernando Arrabal, le réalisateur Pierre Carles, des enseignants, des journalistes – Denis Robert, Denis Sieffert... –, la comédienne Marina Vlady, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, l'entarteur Noël Godin...

22 juillet
Les amis de Philippe Val ne sont pas en reste. La Licra et SOS Racisme soutiennent le directeur de Charlie Hebdo. Ainsi que Bernard-Henri Lévy, qui prend la défense de son ami dans une tribune du Monde : « Bouffer du curé, du rabbin, de l'imam – jamais du « Juif » ou de l'« Arabe ». »
A suivre...
.
Jérémie Couston

PS : Jérémie Couston et Weronika Zarachowicz et Thierry Leclère ont signé la pétition de soutien à Siné.








DELFEIL DE TON


Les lundis de Delfeil de Ton

Vive Siné !

Par Delfeil de Ton

Delfeil de Ton, aux premières loges, vous montre par quel miracle «Charlie-Hebdo» est tombé dans des mains indignes et comment «le petit monsieur Val» a pu «foutre à la porte le grand monsieur Siné».

«Dans notre monde libéral, les idées finissent toujours par appartenir à ceux qui ne les trouvent pas.» Cette sentence est de M. Philippe Val, penseur contemporain.

Elle figurait en couverture du premier numéro de «Charlie-Hebdo» nouvelle manière lorsque parut sous ce titre, en juillet 1992, un journal qui prétend poursuivre l'ancien, «le vrai», comme disent beaucoup de lecteurs, lequel avait cessé de paraître en 1981. Le titre n'appartenait à personne, il n'avait jamais été déposé là où se dépose la propriété industrielle et commerciale. La poignée de gens qui l'avait fait, moins d'une dizaine, dont je faisais partie, se souciait de faire un bon journal, c'est-à-dire un journal qui les faisait rire. Notre ambition était de rire, de faire rire, et d'en vivre. On n'allait pas voir plus loin. On était des humoristes contemporains.

«Charlie-Hebdo», système libéral ou pas système libéral, ce fut nos idées à tous, on l'a inventé ensemble, sans penseur ni personne.

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A son premier numéro, «l'hebdo», comme nous disons entre nous, les fondateurs, s'appelait «L'hebdo Hara-Kiri». En effet, ce qui nous réunissait, c'était le mensuel «Hara-kiri, journal bête et méchant», au départ duquel on trouve associés, pour l'éternité de l'histoire de la presse, le professeur Choron et Cavanna. Cet hebdo, à cause et grâce à la couverture imaginée par Choron à la mort du général de Gaulle, «Bal tragique à Colombey: un mort», devint «Charlie-Hebdo». Le «Charlie-Hebdo» d'aujourd'hui, même si son directeur de la direction lui nie publiquement toute créativité, doit tout, encore, au professeur Choron. Sans son génie, qui s'est exprimé génialement ce jour de grand deuil pour la France, le «Charlie-Hebdo» d'aujourd'hui n'existerait pas sous ce titre. Il n'aurait pas eu ses premiers lecteurs, qui furent immédiatement très nombreux grâce à la légende sur laquelle il s'appuyait, et qui lui ont donné sur-le-champ des finances florissantes, sans lesquelles, dans notre monde libéral, il ne fait pas bon vivre pour toute publication.

«Dans notre monde libéral, les idées finissent toujours par appartenir à ceux qui ne les trouvent pas.» La sentence de M. Philippe Val, penseur contemporain, figurait donc en couverture du numéro 1 du nouveau «Charlie-Hebdo». En 2004, lorsque parut un livre, «Les Années Charlie, 1969-2004», qui prétendait retracer l'histoire du journal, cette couverture y fut republiée sur une pleine grande page mais la sentence n'y figurait plus. Le court texte, dans lequel elle se trouvait, avait été supprimé. C'est ainsi qu'on fait l'histoire, au nouveau «Charlie-Hebdo».

C'est pourtant la pensée la plus juste du penseur contemporain mais c'est aussi que le penseur, qui n'a pas trouvé cette idée qui s'appelle «Charlie-Hebdo», pas plus qu'il n'a trouvé cette idée d'appeler un journal «Charlie», cette idée lui appartient aujourd'hui grâce au monde libéral où il navigue avec une si remarquable aisance.

Ces choses, je n'avais jamais pris la peine de les dire. Je me soucie de ce Charlie-Ersatz comme d'une guigne, je ne le lis pas.

Siné biblio.jpg
© Arnaud Baumann
Siné
Seulement voilà: le petit M. Val a foutu à la porte le grand M. Siné. Siné n'est pas un ami, à peine un copain, mais je sais que cette accusation d'antisémitisme dont on l'accable n'est qu'un prétexte, je le vois, et je sais que c'est une accusation ignominieuse, destinée à tuer un homme moralement, socialement, professionnellement. Siné, qui a mené le combat anticolonialiste quand il y avait encore des colonies. On les comptait, les journalistes qui ouvraient leur grande gueule en ces années-là. Grand graphiste, grand dessinateur à qui on veut faire porter les bottes de Darquier de Pellepoix. Dans sa 80e année, on assassine Siné. En Corse, on a fait sauter sa maison. Ici, on veut le déshonorer.

Une pétition pour Siné a été signée par 2.000 gens de bien. J'en citerai deux. Edgar Morin qui, à l'âge de 85 ans, en 2006, dut aller jusqu'en cassation pour faire annuler sa condamnation pour «incitation à la haine raciale» sur dénonciation du même milieu qui s'en prend à Siné. Le deuxième: Willem, seul de l'équipe du soi-disant «Charlie-Hebdo», qui a signé au risque de prendre lui aussi la porte. Bravo, Willem. Je t'embrasse.

Delfeil de Ton




"Siné, Asko et moi"

NOUVELOBS.COM | 23.07.2008 | 12:46

Dans un commentaire que nous publions, à propos de l'article de Claude Askolovitch sur l'affaire Siné, le chroniqueur du Nouvel Observateur François Reynaert estime que l’accusation d’antisémitisme contre le dessinateur de Charlie relève d'une "logique regrettable et dangereuse".

Siné (DR)

Siné (DR)

ANTISEMITISME crient les uns, règlement de compte politique répliquent les autres. Le terrain est glissant. Avec ça - pétition de défense de Siné, d’un côté, tribune de BHL et prise de position de SOS racisme de l’autre- l’artillerie lourde est de sortie. Et comme dans toutes les guerres, on n’en finit plus de toute évidence, de régler de vieilles batailles dont le détail échappe à tout le monde, sauf aux trois anciens combattants qui les ont faites. Oui je vois bien que dans ce contexte, le plus sûr serait de se coller un casque sur la tête, et d’attendre avec prudence au fond de la tranchée que l’orage se calme. Seulement je n’y arrive pas, et à propos d’une affaire bien délicate, je risque ces trois mots parce que je les rumine depuis la semaine passée, qu’ils me tiennent à cœur, et qu’ils concernent mon journal, le Nouvel Observateur.
Je l’écris franchement : à propos de la chronique de Siné (et de la phrase incriminée : "Jean Sarkozy vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée juive et héritière des fondateurs de Darty. Il fera son chemin dans la vie ce petit".) , j’ai été étonné de lire sous la plume de Claude Askolovitch : "Son texte joue avec les registres magiques de l’antisémitisme , l’image du juif, favorisé, riche et puissant…". Eh bien non, cher Claude. Je n’ai rien à redire sur le reste de ton enquête. J’ai lu, relu, relu encore la phrase de Siné, j’ai soulevé les adjectifs, soupesé les virgules, cherché à voir derrière les principales et les subordonnées. Je hais autant que toi et autant que nous tous, au journal, toutes les formes de discriminations, et non seulement je ne suis pas d’accord avec ce que tu écris, mais je pense qu’en l’écrivant, tu nous fais entrer dans une logique regrettable et dangereuse.
Le propre de l’antisémitisme, comme de tous les racismes, c’est d’écraser un individu sous un stéréotype. Ca n’a rien à voir avec le fait de dénoncer le comportement particulier d’un individu, même si ce comportement rejoint je ne sais quel stéréotype. Siné n’a pas écrit "tous les juifs sont riches" ou "pour réussir, il faut vraiment être juif" ce qui serait une saloperie. Il a écrit, "ce garçon là est prêt à tout même à une conversion pour devenir riche", ça n’a rien à voir. On me dit : mais cette histoire de conversion de Jean Sarkozy est fausse. Alors il faut faire un procès à Siné pour fausse information, pas pour antisémitisme. On me dit : mais on sait bien que l’antisémitisme a toujours reposé sur cet amalgame entre les juifs et l’argent. Et après ? En quoi est ce que cela empêche de se moquer d’un individu qui chercherait à réussir dans la vie en épousant une héritière qui se trouve être d’une famille juive (si c’est le cas bien sur, ce que j’ignore, évidemment). Au contraire, refuser de le faire nous ferait entrer dans une logique de folie. A ce compte là, j’aurai le droit de me moquer ou de contester les milliards de M. Arnaud, de M. Bill Gates, ou de M. Mittal, uniquement si je suis bien sûr qu’ils sont catholiques, protestants, hindouiste, ou n’importe quoi d’autre, et je devrais me bâillonner la bouche à propos des milliards d’un M de Rothschild, parce qu’il s’appelle Rothschild ? C’est délirant.
Et pourquoi s’arrêter aux juifs alors ? Si je suis ta logique, je n’ai plus le droit de me moquer d’une bourde de Ségolène Royal ou de n’importe quelle autre femme politique : allons, on sait bien quelle misogynie honteuse se glisse derrière le fait d’accuser une femme d’inconséquence, non ? Et je n’aurais plus le droit non plus de dénoncer la corruption de je ne sais quel ministre d’un pays du Golfe : voyons, ne soyez pas naïf, traiter un arabe de voleur, c’est entrer dans un stéréotype raciste, non ?
Non et non. Il faut être d’une vigilance scrupuleuse pour lutter contre tous les racismes. Il faut aussi l’être contre une logique folle qui ferait basculer cette noble lutte dans un retour aux procès staliniens. Le Nouvel Observateur a toujours combattu avec autant de vigueur les uns et les autres, c’est aussi pour cela que nous sommes tous si fiers d’y écrire.

François Reynaert



25 commentaires:

soutienlindingre a dit…

Je crois que Val aurait viré Desproges

http://fr.youtube.com/watch?v=NKB-oPQ_m0E

Unknown a dit…

Je me répéte, mais tant pis.
Non au MORDEUR DU VAL.
Oui à SINE.
Si VAL considère que la liberté c'est de faire taire quelqu'un (comme SINE), alors à bientôt VAL de Garces, au Sinistère de la Culture. Petit S. doit apprécier ce que tu viens de faire.
Rocking YASET

route64 a dit…

@ jean françois
Il y a eu dans les années 70 un Rocking Yaset auteur, entre autres, d'un "Dormeur du Val" euh... trash. publié dns Actuel. Mort de rire, et je n'ai jamais pu remettre la main dessus. Et si ?????
Et soutien à Siné contre l'autre petit con qui ne lui arrivera jamais à la cheville.
route64@free.fr

jiho a dit…

Juste une question à la con...
Pourquoi les journalistes et dessinateurs de Charlie qui avouent tous en privé qu'ils détestent Val, ne le virent-il pas? Surtout qu'il a mis sa dem' dans la balance... quelqu'un pourrait m'expliquer?
C'était une question à la con.
Jiho

Jsuis indigné a dit…

alexandre adler est antisémite la preuve
http://soutiensine.blogspot.com/

mordevol a dit…

Je suis sur le cul! qu'une chose pareille puisse arriver à Charlie paraît surréaliste! Qu'attendent tous les membres de l'équipe pour démissionner en bloc! Cabu, je t'ai connu à Hara Kiri, à Pilote, à Charlie, ne me dis pas que tu soutiens Val, je serais trop déçu!
Charlie à gagné un procés face aux Islamistes, mais Val tu fais le même procés à Siné, seulement tu es juge et partie!
Comme Moustak, je n'achèterai plus Charlie.
Une pensée émue pour Cavanna qui doit en être malade.
Bien à toi Siné
Ph Morel

Anonyme a dit…

J'ai arrêté d'acheter Charlie à l'époque du référendum sur le traité Européen quand Val avait traité les gens qui avaient voté "non" de partiquer un "socialisme national" (il pensait bien qu'on verrait aussi les mots dans l'autre sens, ce que je n'ai pas manqué de faire).
Maintenant il vire Siné, ça m'étonne juste qu'il ne s'y soit pas mis plus tôt....
Ce qui est vraiment dur c'est qu'il réussit à nous faire sentir vieux cons en regrettant le Charlie de nos quinze ans...
Amitiés à Siné.
vincent

jnm a dit…

Moi, j'ai été fumasse contre Val très tôt, mais j'ai arreté d'acheter Charlie lorsque Val avait déclaré qu'il fallait désormais filtrer l'Internet...
Toute cette affaire me confirme que la société laïque a du souci à se faire devant la montée des intégrismes, devant la montée religieuse générale qui est le signe d'une peur collective de l'avenir.
Pour faire baisser ces tensions naissantes (comme celle qui génère cette affaire) chez les intellectuels ou prétendus tels, il suffirait de donner également tribune à ceux qui proposent des solutions alternatives aux différents problèmes du monde. Ils sont nombreux, et leur solutions sont plus que réalistes, mais aucun média de masse ne les relaye correctement.
JN

GILLINOUI a dit…

Sur le site de soutien à Siné (ici) on trouve une femme qui signe « Anik Siné (ex-épouse juive de l'accusé) ». Cette femme dont j'ignorais jusqu'alors l'existence, aurait très bien pu se dispenser de soutenir son « ex-époux ». Pourtant elle a signé la pétition de soutien à Siné. S'il en fallait une preuve indiscutable, en voilà une: Siné n'est pas antisémite.

Sa mise à la porte par Val est donc une mise en scène. Val et Siné ne s'aiment pas, personne ne l'ignore. Val avait depuis longtemps envie de virer Siné, son prétexte est triste, minable, dégueulasse tout ce qu'on voudra mais n'a rien à voir avec l'idée dont il se veut le défenseur: celle d'un certain sens de l'honneur.

Je ne connais pas plus Val que Siné, je ne suis qu'un simple lecteur depuis longtemps. Jaimais ce journal parce que j'y trouvais assez d'idées contradictoires pour me forger une opinion personnelle. J'aimais les provocations de Siné et certains articles de Val. Le renvoi de l'un par l'autre dans des conditions qui heurtent de très nombreux amis du journal, le silence pesant de Charb, de Cavanna, mais aussi celui de Wolinsky, de Riss, de Jul, plongent une immense foule de lecteurs dans la consternation, dans la tristesse. C'est pourquoi comme eux, moi non plus je n'achèterai plus Charlie Hebdo, journal que j'aimais et qui me rend profondément triste aujourd'hui.

Une autre femme signe cette pétition de soutien à Siné, elle écrit sobrement « Nicole Blondeaux (veuve de Gébé) ». Les nombreux amis du journal comprendront ce que cette signature signifie.

GILLINOUI

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Ancien lecteur de Charlie Hebdo ( Je ne me suis pas réabonné à cause de la ligne éditoriale de Philippe Val), j'apporte mon soutien sans réserve au dessinateur Siné, licencié par Val pour un article soi disant anti sémite (Voir Bellaciao.org et la pétition de soutien à Siné, plus de 4000 signatures) et je me demande ce que fout encore François Cavanna à Charlie...
Publié par Les élucubrations du vieux rouge à l'adresse 20:59 0

romeo a dit…

CE MATIN EN OUVRANT LE PLACARD MON AMIE SARAH A TROUVÉ UNE DE CES ROBES
PLEINE DE PETITS TROUS
"Y'A DES MITES"
NI UNE NI DEUX JE SUIS PARTIS ACHETER DE L'ANTI-MITES
J'ESPERE QUE LA S.P.A NE ME FERA PAS DE PROCÈS EN ME TRAITANT
"D'ANTI-MITES"

Marie-Françoise a dit…

Bravo Siné, car il aime dire ce qu'il pense et il aime les chats : et ça ne trompe pas!!!

D'ailleurs, ni les chats ni aucune bestiole ne font d'histoires inutiles.. Et au moins, Siné, connaît l'amitié tout en délicatesse et tendresse de nos tendres amis félins.

Bon, je sais, un peu décalé... c'est exprès. Val, moi, je le trouve ambivalent... et surtout chiant, quelquefois...

D'ailleurs, quand je lisais Charlie, je commençais par la "rubrique Siné" : au moins, pas d'ambivalence... Bientôt, il n'y aura tout simplement plus de plumes, ni pour l'écriture, ni pour le dessin... ni pour rien d'ailleurs.

Avec mes minettes, athées et belles, de coeur et d'esprit, nous soutenons le vieux Siné avec tous nos miaoux miaoux...

Marie-Françoise

route64 a dit…

A ceux qui se posent encore des question sur le soutien de Bernard Maris à Val, et sur le silence assourdissant de Cabu :

En 2006, les Editions Rotative, éditrices de Charlie Hebdo, ont enregistré un résultat bénéficiaire de 968 501 euros.
Près de 85 % de cette somme (soit 825 000 euros) ont été redistribués en dividendes aux quatre associés du groupe : Philippe Val, directeur de la publication et propriétaire de 600 des 1 500 parts de l'entreprise et Cabu, dessinateur et directeur artistique, aussi détenteur de 600 parts, ont perçu 330 000 euros chacun. Les deux autres actionnaires, l'économiste Bernard Maris, directeur adjoint de la rédaction, et le responsable financier Eric Portheault (respectivement 200 et 100 parts) ont touché 110 000 et 55 000 euros. Outre la bonne tenue des ventes et des abonnements (85 000 exemplaires vendus chaque semaine, en moyenne, selon la direction), ce gain s'explique, notamment, par la diffusion extraordinaire du numéro spécial consacré aux caricatures de Mahomet, le 8 février 2006

j.michel a dit…

voir une synthèse avec des liens à l'adresse :
http://revuedepresse.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/07/29/sine.html

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Albanel soutient Val : he bien voilà, les choses sont claires. Les derniers lecteurs de CH vont pouvoir chercher un autre canard.

le Vieux Rouge et (Noir un peu ...)

Le Bougnoulosophe a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
hélion a dit…

Philippe Val est un raciste, Démonstration, preuve à l’appui

Par Pierre Tevanian, Août 2007

Introduction« Le racisme est une valorisation généralisée et définitive de différences réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression ou des privilèges. » À la lumière de cette définition d’Albert Memmi [1], nous sommes en mesure de démontrer que Philippe Val, le très médiatique et pontifiant patron-éditorialiste de Charlie Hebdo, est, purement et simplement, un raciste.
ArticleLecteur assidu – de son propre aveu – du grand Spinoza, chansonnier depuis trois bonnes décennies, éditorialiste et écrivain depuis deux décennies, Philippe Val sait peser ses mots, et on est en droit de supposer que lorsqu’il écrit et publie quelque chose – et qu’il ne le renie pas dans les semaines, les mois et les années qui suivent – ses écrits nous livrent le fond de sa pensée. C’est pourquoi on ne peut pas considérer les ahurissants propos qui suivent comme une blague de fin de banquet ni comme du deuxième ou du troisième degré. C’est imprimé, noir sur blanc, dans le Charlie Hebdo le 5 janvier 2005 :

« [Les otages français, Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe. »

Cette phrase de Philippe Val n’a évidemment aucun sens. Qualifier la politique antijuive de Vichy de politique « arabe » n’a aucun sens puisque aucune influence arabe n’a joué un quelconque rôle dans cette entreprise criminelle. Tout s’est passé entre l’Allemagne nazie et la France de Vichy, point barre.

Pour que cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre un postulat raciste : le postulat selon lequel les Arabes, en bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si aucun Arabe n’est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d’une politique antijuive, ladite politique n’en est pas moins une « politique arabe » dans la mesure où elle ne peut que remplir de joie cette masse assoiffée de sang juif qu’est « le monde arabe » . En résumé : « politique arabe » ne signifie, chez Philippe Val, rien d’autre que « politique antisémite ».

« Arabe » et « antisémite » sont donc synonymes.

En d’autres termes : Philippe Val essentialise « les Arabes », en fait une entité homogène, pour ensuite attribuer à cette essence (« les Arabes ») un caractère infâmant (« antisémite »). Cette manière de penser, conjuguant l’essentialisation l’homogénéisation et le dénigrement, porte un nom : le racisme.

Philippe Val a donc écrit un texte purement et simplement raciste. Et comme il assume ce texte près de deux ans après sa publication, comme il ne l’a pas renié, on peut donc affirmer, de manière plus concise, qu’il est avéré et démontré que

Philippe Val est raciste.

Reste maintenant à se demander pourquoi aucune association n’a jusqu’à présent porté plainte contre lui, ni même publié le moindre communiqué face à des propos racistes caractérisés, tenus dans un grand média – ni SOS Racisme, ni le MRAP ni la LICRA, ni la Ligue des Droits de l’Homme – et pourquoi aucun journaliste n’a jamais interpellé l’écrivain, éditorialiste, chroniqueur, débatteur multimédias qu’est Philippe Val lors d’un de ses innombrables prestations télévisées ou radiodiffusées.

Post-scriptum
Une première version de ce texte est parue dans le mensuel L’indigène de la république [2]
Textes de Pierre Tevanian

hélion a dit…

ECOUTE LE REQUISITOIRE DE DESPROGES

http://www.desproges.fr/PlayerAudio.php?Titre=&Filename=Requisitoires_Sine.mp3

patrice69100 a dit…

Franchement, le discours de Dakar récité (car ce n'est pas lui qui l'a écrit mais son prote plume guaino ou gueant enfin ce sont les mêmes) par Sarkaiser 1er est nettement plus outrageant que le commentaire de Siné soulignant l'hyper méga ambition de sarko junior (ce n 'est pas ce pauvre Martinon qui dira le contraire).

Commissaire du Peuple a dit…

Siné,
en tant que Commissaire du Peuple du Kreiz-Breizkistan (Centre-Bretagnekistan!), je te donne ma fraternité aveugle et sans profit .
J'accuse le citoyen Val de Capitalisme relationnel et épingle à ta veste non retournée, la médaille au doigt levé symbole de la Décroissance comportementale !!!

Jahmed a dit…

Lisant Charlie depuis un paquet d'années, cela faisait un moment que je ne lisait plus les éditos qu'auraient pu écrire une centriste du centre du centre. Au départ, je constatais simplement que "sur ce coup" je n'étais pas d'accord avec Val, puis c'est devenu régulier, der plus en plus, puis pour ne pas se faire mal, j'ai décidé de le zapper (Val). Je ne me rappelai plus du contenu de ce qui était dit mais plutôt de la manière dont cela était dit (longues références à des philosophes pour conclure par ex au OUI du traité Européen, tout en concluant que les autres étaient pas des cons mais pas loin).
Tout ça pour dire que Siné fait partie des gens honorables de charlie et qu'en ce sens il était un des derniers fils qui me reliaient à ce journal. Le mercredi suivant son expulsion, je n'ai pas acheté Charlie, Ca fait drôle mais l'impertinence n'est plus là alors... moins mal que supposé ... Je viens d'acheter Siné Hebdo, pas encore lu, j'espère que c'est pour la durée. Le canard enchainé n'est pas suffisant et sans charlie, y'a plus grand chose d'accessible. Alors j'espère que passé 80 balais, Siné ne va pas aussi virer sa cuti... et nous filer une bonne consolation à la mort de Charlie.

louise04 a dit…

j'ai détesté comment Paul Amar a parlé à Siné sur la 5 , dimanche .Quelle hargne! quelle grossière façon de passer au sujet suivant!
Qui est ce type pour prendre parti aussi haineusement?
bon courage à toute votre équipe.

Nicolas Duprès Latour a dit…

je m'excuse d'apporter mon soutien, moi qui ne suis ni prix Nobel, ni grand lettré reconnu par ses pères, ni prestigieux neuro-chirurgien. Cependant, j'aimerai apporter ma pierre à l'édifice...alors voilà: Val t'es qu'un putain de sale vendu! franchement j'ai la haine d'avoir cassé ma tirelire toutes ces années pour acheter ton torchon de merde!
De toute façons, c'est moi l'blaireaux! clair qu'avec ta vieille tronche de pédophile vicelard a la hannibal lecter ça devait finir comme ça...c'est vrai que tu as les traits de sarkozy un peu...en fait, je fini même par croire que tu es son jumeaux diabolique tu vois?!? comme dans une mauvaise série B...ou comme dans une chanson de didier barbelivien...
Mais franchement, merci Val tu m'as vraiment ouvert les yeux...charlie hebdo est passé du côté obscure, je ne l'achèterai plus!c'est bon les fadaises...j'crois qu'on en bouffe assez comme ça!
En tout cas, cet holocauste là, j'éspère que ton journal et toi n'y survivrez pas!!!

Nicolas Duprès Latour a dit…

'tain Val j'vois ta gueule de SS partout en ce momment! Alors j'te l'dis direct arrête de faire l'tapin comme ça dans tous les médias...tu nous saoul!!! retourne chez tes waffen de merde et nous fait pas chier!

athel a dit…

C'est comme un mal de bide lancinant, des semaines et des nuits à avoir la tripaille au vague à l'âme, douleur criante et sourde, un canal aux écluses bloquée qui déborde en poussant les rives.
Et emporté brutal, sur un soubressaut pas plus douloureux que les autres, la digue qui craque,
la chiasse salvatrice en long grondement ventripétant innondant cuvette et faïence, l'odeur fissurant les murs et certains incomodés voulant condamner les chiottes parceque la cuvette déborde, siphon bouché.
Le caca ne sent plus la merde et le plombier ne mets plus ses mains dans la chance.
Une chance, viré des cagoinces par une mère pipi mal embouchée, consignée dans le conformisme bon ton du "chie dur chie mou mais chie dans le trou",
le père pète encore et pour longtemps dans ces nouvelles latrines ouvertes à tous vents, où assis enfin sur un trône sans barrières, conchier les déguelasseries ambiantes est enfin possible sans déodorants écoeurants
et autre pq à la violette.
"Un cul ,ça doit sentir le cul."